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Une vie en musique

Stéphane Mercier naît à Bruxelles en 1970. Son père est animateur-producteur à la radio et télévision nationale, mais également écrivain, auteur, poète et chroniqueur. Celui-ci lui donne goût à la scène et aux studios d’enregistrement qu’il fréquente régulièrement. Stéphane a également accès aux albums en tout genre et aux places de concerts, via le service de presse. Sa maman est une mère au foyer pleine de passions qui le véhicule d’un cours de musique à l’autre. C’est dans son ventre qu’il entend pour la première fois le saxophoniste Jackie McLean, puisqu’un de ses morceaux faisait figure de générique d’émission pour laquelle son père était assistant d’un pionniers du jazz belge : le contrebassiste Benoît Quersin.

Avec le show-business omniprésent et sa famille, mais aussi à l’école, à l’église, aux mouvements de jeunesse et à la fanfare municipale (Harmonie Royale de Braine-l’Alleud, sous la direction du grand hautboïste Jean-Marie Quenon), la musique fait partie intégrante de son quotidien. Il s’amuse sur le piano familial (sur lequel il entend sa mère jouer Bach, y joue les partitions disponibles, puis y passe des heures à composer), aux percussions classiques (il va jusqu’à jouer les Noces de Figaro aux timbales sous la direction du grand René Defossez), au chant et à la batterie rock (avec son grand frère, plus de 50 concerts !), mais décide finalement de se consacrer au saxophone.

Son professeur Philippe Leblanc le prend sous son aile pendant six ans. Celui-ci vient de l’école éminente de François Daneels, le fondateur de l’école belge du saxophone (un mélange entre l’école française de Marcel Mule et l’école américaine--une mixture caractérisée par la qualité du son, la rigueur rythmique, l’observation des nuances, et le respect du texte des pièces étudiées). A plusieurs reprises, Mr Leblanc emmène le petit Stéphane chez le retraité Maître Daneels, afin de peaufiner son éducation. Il le fait participer à plusieurs concours, dont le télévisé Jeunes Solistes. Il le place aussi comme jeune enseignant dans l’une ou l’autre écoles de la région.

Son grand-père maternel, ancien critique musical et photographe passionné, l’invite pour son premier concert de jazz en 1984. Stéphane en est très intrigué, et en fait part à son professeur. Néanmoins, la directrice de l’académie municipale interdit le jazz en son enceinte, et c’est sous le veston qu’il va obtenir les premiers trésors du jazz : l’Omnibook (transcriptions de Charlie Parker) et le Real Book (répertoire des grands standards). Philippe Leblanc lui donne un conseil très précieux et lui fait une liste : « Tu veux jouer du jazz ? Ecoute les anciens d’abord ! ». La liste exhaustive reprend des noms comme Sydney Bechet, Coleman Hawkins et Lester Young. C’est alors dans sa chambre d’adolescent, sur un des premiers amplificateurs stéréo à lampes Philips, qu’il frisonne pour la première fois en écoutant John Coltrane, Paul Desmond, puis Pat Metheny.

Durant ses écoutes, il réalise que si le jazz n’apporte ni argent ni gloire démesurée, la motivation doit être dans la passion elle-même, et peut mettre toute une vie à se développer. C’est à ce moment qu’il décide d’y consacrer sa vie.

C’est avec un horaire de ministre qu’il traverse son adolescence, il étudie dans les transports en commun, qui le mène aux écoles, lieux de répétition et de concerts, qu’il y joue ou écoute (souvent seul car dans ses amis, personne ne s’intéresse ou jazz). Il a bien demandé à ses parents s’il était possible d’arrêter l’école normale au profit d’une artistique, mais étant dans un collège prestigieux sans être en échec, son père lui conseille de terminer une éducation traditionnelle. Stéphane choisit alors l’option « art d’expression » en secondaire. Ces formations générales et tous azimuts lui donnent des bases qui lui permettront de s’adapter à beaucoup de situations futures.

Petit à petit, il cesse les activités qui le dévient de la musique : les mouvements de jeunesse, le théâtre, la voile,…

Après l’école secondaire, il suit des cours au Jazz Studio d’Anvers pendant deux ans (auprès de John Ruocco et Frank Vaganée). Parallèlement, il trouve des travaux d’étudiant : aide ingénieur du son dans le studio de Dan Lacksman ; travail de bureau chez IBM (où il réalise que sa vie sera différente) ; playbacks télé pour des chanteurs de variété (où il comprend qu’il se dirigera à tout prix vers le jazz)…

En 1990, Stéphane est accepté au Conservatoire Royal de Bruxelles (dans la classe de Steve Houben). C’est aussi l’année du décès de sa mère. L’héritage lui permet de s’envoler pour les Etats-Unis, en 1992. Il étudie à Berklee College of Music (Boston). Il y décroche dès son arrivée la place de lead alto dans le big band du célèbre Herb Pomeroy, suite à une audition regroupant tous les altistes du College. Mr Pomeroy est connu pour avoir joué avec Charlie Parker et Benny Golson, et fut proche de Duke Ellington. Grand admirateur de Johnny Hodges, il a une grande influence sur Stéphane : il lui apprend à développer un son personnel, tout en parvenant à se fondre dans la section des vents : un défi tout particulier.

Ses autres professeurs sont George Garzone (avant-garde), Bill Pierce (traditionnel), Joe Viola (spécialiste du son), Hal Crook (l’improvisation), Ed Tomassi (développer sa méthode personnelle) et Andy McGhee, qui lui passe le numéro de téléphone de son idole Jackie McLean…

Avec son propre groupe formé à Berklee, il réalise son premier album grâce au producteur Dan Lacksman (B.Connection « Don’t Butt In Line »). Ils gagnent le prix Downbeat du meilleur groupe estudiantin. A Boston, il se fait assez de contact pour pouvoir tourner intensément l’année qui suit son diplôme (1995). Il passe donc d’un groupe à l’autre (du quartet de jazz au large ensemble contemporain, en passant par le hip hop afro-américain) sans domicile fixe avant de s’installer à New-York, à l’issue d’une tournée qui le fait jouer quelques semaines avec le plus grand ténor du moment : Mark Turner.

Il obtient un visa de journaliste, après avoir convaincu le service culturel du ministère belge qu’il fera le suivi d’événements à New-York, et une série d’interviews (Guillermo Klein, Mark Turner, Myron Walden, …).

Lors d’une de ses interviews, il remet une cassette démo à l’arrangeuse française Magali Souriau, celle-ci étant la dernière élève de Nadia Boulanger et lauréate du Thelonious Monk Award. Elle reconnaît son timbre de lead alto, déjà entendu chez Herb Pomeroy, et lui demande de joindre son big band, faisant partie de la scène jazz new-yorkaise la plus active du moment. Dans le groupe, on y trouve Chris Cheek, Jeff Ballard, Aaron Goldberg, Miguel Zenon, Dennis Irwin,…ce big band enregistre au Birdland (Magali Souriau « Birdland Sessions ») puis se suivent des concerts au Jazz Standard, autre club de Manhattan. Il y croise des sommités comme Tommy Flanagan, Leon Parker, Ernie Watts, Jim Hall,…

Stéphane organise une tournée européenne avec son sextet incluant le ténor Seamus Blake et le trompettiste Mauritien Philippe Thomas. Ceci aboutira à un album sur le label Fresh Sound (Flor de Luna), découvreur de talents comme Brad Mehldau et Kurt Rosenwinkel.

New-York lui offre un bain d’expériences diverses et de moments cruciaux (en plus du jazz, de la musique latine, africaine, funk, ou des mariages juifs pour s’alimenter). De nombreux groupes se forment avec des talents comme Matt Penman, Avishai Cohen, Darren Beckett, Ben Zwerin, Ada Rovatti et son mari Randy Brecker, etc…

Son amitié avec Toots Thielemans lui fait faire des rencontres inoubliables : George Benson, Herbie Hancock, Billy Hart, Kenny Werner,…

Le 11 septembre 2001, Stéphane voit les tours jumelles s’écrouler depuis son appartement situé à Park Slope, Brooklyn. Il décide alors de quitter les Etats-Unis et de s’installer à Paris. Son séjour y dure deux ans, et lui permet de découvrir la scène européenne du moment.

Il rentre en Belgique et y fonde une famille : en découlent d’un premier mariage deux fils, Maël et Matis, qu’il finit par élever seul pendant cinq ans. Afin de trouver leur stabilité, Il donne cours dans diverses écoles, dont le Conservatoire Royal de Bruxelles.

On lui propose de prendre le siège de premier alto dans un nouveau groupe : le Jazz Station Big Band, dont il reprend la direction quelques années plus tard.

Basé à nouveau à Bruxelles, sa carrière continue de progresser : il y joue avec toute la scène belge (Philip Catherine, Eric Legnini, David Linx,…), et crée de nouvelles collaborations internationales (Grégoire Maret, Jason Rebello, Emil Viklicky, Benny Benack III, George Colligan,…).

2014 est une année charnière car l’on célèbre les 200 ans d’Adolphe Sax, inventeur belge du saxophone. Le gouvernement l’envoie dans le monde entier en tant qu’ambassadeur du saxophone (USA, Qatar, Hongrie, Bulgarie, Kazakhstan, etc…), alors que d’autres tournées le mènent au Brésil ou en Italie, 280 représentations du spectacle sur l’histoire du jazz se montent en Belgique avec son père comme narrateur. C’est lors d’une de ces représentations que Stéphane rencontre Emilie. De leur union naît Noé en 2016.

A l’issue de ces deux années à jouer quotidiennement, il quitte l’enseignement, cela lui offrant une liberté retrouvée.

Sa curiosité le pousse à suivre les conseils d’un producteur qui l’aide à interviewer des géants : Quincy Jones, Kenny Garrett, Ivan Lins,…

Parallèlement, Stéphane se retrouve régulièrement comme soliste officiel d’événement tels le Sommet de l’Otan à Bruxelles, l’Exposition Universelle à Dubaï ou le bal du Roi des Belges.

Sa complicité avec le grand producteur Jean Kluger conduit à des projets divers et originaux : Churchify, Calling Paul Desmond et une série de reprises d’auteurs-compositeurs français (Jass).

Récemment invité du festival de Dinant (ville natale d’Adolphe Sax), il y joue avec des stars actuelles : Chris Potter, Stefano Di Battista, Sophie Alour, Lionel Belmondo, Hamilton de Hollanda, Lizz Wright, etc…

Stéphane a également écrit un livre sur l’histoire du jazz (Une Autre Histoire du Jazz, éd. Jourdan) et a créé son propre label de disque : Step By Records.

Le Jazz Station Big Band continue sa prestation mensuelle à Bruxelles, et les divers groupes de jouer et tourner internationalement (Dave Redmond Quartet, Quantum Stereo, BZ Sounds, Christian Brenner, les Stéphane Mercier Quartet et Trio, ainsi qu’un nouveau duo avec son fils Maël Idris au piano.

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